Kódì 2022 (notes)
Le fichier Anki avec le vocabulaire de Kódì est téléchargeable ici. Voir aussi: Qu’est-ce que Anki? |
Qu’est-ce que le Dioula ? À cette question d’aspect si simple, les réponses apparaissent, selon les auteurs, et selon les locuteurs eux-mêmes, si divergentes, en introduction à ce cours d’expliquer notre position sur ce point.
Partie I:
Chapitre 1.
1.1.
Le dioula connaît 14 voyelles : 7 voyelles orales, que l’on écrit : a, ɛ, ɔ, e, o, i, u, et 7 voyelles nasales correspondantes, que l’on écrit : an, ɛn, ɔn, en, on, in, un. Les mêmes 7 voyelles orales se trouvent en français : a de CHAT, ɛ de LAIT, ɔ de BOL, e de THÉ, o de POT, i de RIZ, u de COU ; on trouve également en français les voyelles nasales an et ɛn (CAMP, PIN) ; les 5 autres voyelles nasales du dioula sont différentes de celles du français. On fera particulièrement attention à ne pas confondre ces voyelles nasales avec leur homographes français : la voyelle notée in en dioula et la graphie in (PIN) du français.
Il existe en dioula des voyelles longues, que l’on peut considérer comme le résultat de la chute d’une consonne intervocalique. Ces voyelles longues, assez rares, seront graphiquement notées par le redoublement de la voyelle : aa, ii, oo…
1.2.
Le dioula connaît 20 consonnes, que l’on écrit : b, d, j, f, g, gb, h, k, l, m, n, ɲ, ŋ, p, r, s, t, c, w, y ; 9 d’entre elles ne font aucune difficulté pour un locuteur français : b, d, f, l, m, n, p, s, t. Nous ferons à propos des 11 autres les remarques suivantes :
j | correspond d’assez près au son entendu à l’initial des mots français DIAMANT, DENT, DIÈTE. |
g | correspond au g e GARDE, GRIS, GUIDE. Notons aussi que, de manière très fréquente, un g placé entre deux a, deux ɔ, deux o peut se prononcer comme un r français [ʀ]
|
gb | cette graphie rend de manière très imparfaite le son auquel il veut correspondre. Il s’agit d’un son doublement et simultanément articulé, prononcé à la fois à l’arrière et à l’avant de la bouche. |
h | toujours fortement aspiré (anglais : HOT) |
k | la graphie k du dioula correspond au son unique des graphies françaises c (CORPS), qu (QUI), K (KEPI). |
ɲ | le gn des mots français SIGNER, AGNEAUX |
ŋ | c’est le son des mots anglais KING, SINGER, SONG : c’est un son très rare en dioula. |
r | le r dioula est "battu", plus proche à l’oreille du l que du R (ROUGE). Il est nécessaire d’arriver à une prononciation correcte de ce son afin de le distinguer de R qui, nous l’avons vu plus haut, est la réalisation de g dans certains contextes. Dans certains mots, r et l peuvent fonctionner comme des variantes : séri ou séli (= prier). |
c | à peu près le son qu’on entend à l’initiale des mots français TIARE, TIERS, TIENS. |
w | c’est le son de OUATE, OUI, WILLIAM. |
y | c’est le son de YAOURT, CAHIER, PAILLE. |
1.3.
Le dioula est une langue à tons : cela signifie que deux mot homophones, c’est à dire constitués des mêmes sons, peuvent être différenciés par la hauteur mélodique à laquelle ils sont prononcés. Le dioula connaît deux tons : un ton haut noté (ˊ), et un ton bas noté (ˋ). C’est deux tons, en se combinant sur un mot d’une seule syllabe, produisent un ton modulé, noté (ˇ). Dans la 1ère leçon, les tons serons notés sur toutes les syllabes, afin d’exercer votre oreille à entendre et à reconnaître les contours mélodiques ; à partir de la 2ème leçon, le ton ne sera noté que sur la première syllabe[1] conformément à l’écriture en usage.
1.4.
mùso ló et mùso tɛ́ sont des énoncés de base comportant 2 éléments : le 1er élément peut être n’importe quel nominal. le 2ème élément est un mot grammatical qui exprime une identité : affirmative pour lò (c’est), négative pour tɛ́ (ce n’est pas). L’élément lò, employé dans tout autre énoncé que N + lò, a une valeur emphatique.
- muso bé yàn
la femme est ici
- muso lò bé yàn
c’est la femme qui est ici (et non l’homme)
1.5.
OUI et NON, en dioula, se distinguent par leur schéma intonatif ; mais on entendra également pour oui : òwó, ɔ̀wɔ́ et pour non : àyi. On peut également affirmer et nier à bouche fermée, en se servant seulement de l’intonation.
1.6.
Il existe en dioula 3 façons de marquer l’interrogation. Ces 3 procédés s’excluent mutuellement.
présence de l’élément wà ; cet élément est toujours le dernier mot de l’énoncé ; il peut apparaître dans n’importe quel type de phrase, sauf dans les phrases à l’impératif.
présence d’un nominal dont le sens est déjà interrogatif : jɔ́n (qui), mùn (quoi), mín (ou)…
intonation montant sur les dernière syllabes de la phrase (procédé qui se trouve en français : il est venu ?).
1.7.
bé et tɛ́, dans les énoncées mùso bé yàn (la femme est ici) et mùso tɛ́ yàn (la femme n’est pas ici) sont deux copules reliant deux noms, mùso et yàn.
1.8.
à est le pronom référent de la 3ème personne du singulier ; selon sa position dans la phrase, il se traduira par il (elle), le, lui, son (sa), ses.
Vocabulaire
- mùso
femme
- lò
c’est
- tɛ
ce n’est pas
- wà
est-ce que
- mùn
quoi
- ɔnhɔn
oui
- ɔn-ɔn
non
- móbili
voiture
- kúrun
pirogue
- dàga
canari
- wùlu
chien
- jakuma
chat
- mùru
couteau
- bèse
machette
- jɛgɛ
poisson
- kɔnɔ
oiseau
- bé
(marque d’énoncé)
- à
il, elle, le, lui…
- jɔn
qui
- yàn
ici
- cɛ
homme
- dén
enfant
Chapitre 2.
2.1. Voyelles du dioula
Écoutez et répétez
bi | du | ||
pe | wa | go | |
fɛ | kɔ | ||
+ | |||
bin | kun | ||
ben | yan | lon | |
bɛn | lɔn | ||
+ | |||
in / en | |||
en / ɛn | |||
on / ɔn | |||
ɔn / an |
2.1.1. Exercise 1
Écoutez, répétez et transcrivez les voyelles suviantes:
|
|
2.2. Consonnes du Jula
Certaines consonnes présentent des difficultés pour un locuteur francophone
Écoutez et répétez:
ɲa / ŋa
ca / ja
gwa
hati
sara / saga
2.2.1. Exercise 2
Écoutez, répétez et transcrivez les mots suivants:
|
|
2.3. Tons du Jula
2.3.1. Ton ponctuel
Écoutez | kó | kó | kò | |
kò |
2.3.2. Exercise 3
Écoutez et répétez les paires de mots suivants puis répondez: semblable (S) ou différant (D), suivant que les tons qu’ils portent vous paraissent semblables ou différents.
s/o Piste audio non disponible
2.3.3. Exercise 4
Écoutez:
dí:: ce mot porte un ton haut sà:: ce mot porte un ton bas
s/o Piste audio non disponible
2.4. Ton modulé
Ecoutez | sóo | sóo | ||
nɛ́ɛn | nɛ́ɛn |
2.4.2. Exercise 6
L’énoncé nominal
Écoutez | músó lò | c’est une femme | ||
mùsó tɛ | ce n’est pas une femme |
Partie II:
Chapitre 1.
1.1.
ń, í, ò, correspondent respectivement aux premières et deuxième personnes du singulier et troisième personne du pluriel ; exemples :
- ń bé táa
je pars
- í bé táa
tu pars
- ò bé táa
ils partent
ń, í, ò, comme à, peuvent se traduire suivant le contexte d’emploi, par : je, me, ma, mes, mon, moi…, tu te…, exemples :
- ń mùso
ma femme
- ń bé táa
je pars
- ń cɛ̀
mon mari
|
1.2.
Il est commode de diviser les verbes du dioula en trois catégories :
les verbes transitifs, qui peuvent accepter un objet (en français : voir, prendre…)
les verbes intransitifs, qui ne peuvent accepter d’object (en français : venir, entrer…)
les verbes mixtes, qui peuvent fonctionner comme transitifs et comme intransitifs.
táa, verbe intransitif, se conjugue de la manière suivante :
Musa bé táa | Moussa part |
Musa tɛ́ táa | Moussa ne part pas |
Musa táara | Moussa est parti |
Musa má táa | Mouassa n’est pas parti |
D’ou le tableau - provisoire - suivant :
+ | - | |
---|---|---|
Présent | bé | tɛ́ |
Passé | -la/-ra/-na | má |
Parmi ces quatres marques de conjugaison, trois sont des copules, qui joignent un élément nominal, nom ou pronom, à un élément verbal ; la dernière (-la) est un suffixe. |
1.3.
Dans une phrase comme mùso táara, nous pouvons appeler mùso syntagme nominal et táara syntagme verbal. Ici le syntagme est réduit au nom seul. Dans les exemples suivants :
- Mùso jòli nàna ?
combien de femmes sont venues ?
- Mùso kélen nàna
une femme est venue
- Mùsow nàna
les femmes sont venues
- Mùso bɛ́ɛ nàna
toutes les femmes sont venues
- Mùso ni cɛ̀ nàna
la femme et l’homme sont venus.
Le syntagme nominal est composé du nom auquel se sont ajoutés d’autres éléments :
Des numéraux ; kélen (1), flà (2), sàba (3)…, et la marque interrogative des numéraux :
Jòli (combien) ; le ton du syntagme nominal composé du nom + un de ces éléments varie en fonction du ton du numéral ; exemples :
- Mùso kélen
ton:BBHH
- Mùso náani
BBHH
- Mùso sàba
BHBH
- Mùso jòli
BHBH
jòli, comme mùn (quoi) et comme mín (où), est un mot interrogatif ; sa présence dans un enoncé exclut donc celle de wà.
|
|
1.4.
dòn, mín, kɛ̀ sont des éléments qui apparaissent à la fin d’un énoncé.
dòn, très employé dans les salutations, permet d’élider un certain nombre d’éléments utilisés dans une phrase précédente ; exemples :
- í bé táa wà ?
i tu pars ?
- ɔ̀nhɔ́n, ń bé táa
oui, je pars
- í mùso dón ?
et ta femme ?
mis pour
- í mùso bé táa wà ?
est-ce que ta femme part ?
mín est un mot interrogatif comme mùn, jòli…, il est situé à la fin de l’enoncé.
kɛ̀ est un élément emphatique, situé à la fin de l’enoncé ; son sens est difficile à traduire en français :
- à táara kɛ̀
il est parti, "je te dis".
- ɔ̀nhɔ́n, à má táa kɛ̀
il n’est pas parti, "je te dis".
Lorsque kɛ̀ est employé avec ɔ̀nhɔ́n (oui), deux constructions sont possibles :
- ɔ̀nhɔ́n kɛ̀, à táara
oui, "je te dis", il est parti
- ɔ̀nhɔ́n, à táara kɛ̀
oui, "je te dis", il est parti
Kɛ̀, placé dans une phrase intonativement interrogative, se traduit par : n’est-ce pas ?
- à nána kɛ̀ ? ɔ̀nhɔ́n, à nàna
Il est venu, n’est-ce pas ? oui, il est venu.
1.5.
La rencontre de deux voyelles différentes, en dioula, produit une élision ; exemple :
- à bé à tà → à b’à tà
il le prend
- Musa ní à dén táara → Musa n’à dén táara
Moussa est parti avec son enfant.
Deux règles régissent l’élision :
C’est la première voyelle qui est élidée ; la voyelle non élidée est automatiquement allongée.
Quels que soient les tons des deux éléments, l’élision de la voyelle produit un allongement de ton haut.
Vocabulaire
- í
tu, te…
- ń
je, me…
- -la/-ra/-na
(marque d’énoncé)
- má
(marque d’énoncé)
- mín
où (interrogatif)
- táa
aller
- fàcɛ
père
- bámuso
mère
- kɔ̀rɔcɛ
frère aîné
- kɔ̀rɔmuso
soeur ainée
- dɔ́gɔcɛ
frère cadet
- dɔ́gɔmuso
soeur cadette
- jòli
combien
- kɛ̀
(particule d’assertion)
- ò
ils, eux…, cela.
- flà
2
- sàba
3
- náani
4
- lɔ́ɔru
5
- -w
(marque du plur.)
- bɛ́ɛ
tous, tout…
- dòn
?
- ní
et
Partie III:
Chapitre 1.
1.1.
Wéle, san, mέn sont des transitifs. En dioula, l’objet précède toujours le verbe, exemples :
- Musa bé Amadu wéle
Moussa appelle Amadou
- à kà kù sàn
il a acheté de l’igname
le schéma est donc le suivant :
sujet + copule + objet + verbe
ce que nous avons appelé syntagme ,nominal ( cf. 11-0-3) peut constituer le sujet et l’objet ; exemple :
Mùso fla | bé | Jέgε ní sògo | sàn |
---|---|---|---|
Synt. Nom. sujet | copule | Synt. Nom. objet | Verbe |
1.2.
Sàn , verbe transitif, se conjugue de la manière suivante :
- A bé màlo sàn
il achète du riz
- A tέ màlo sàn
il n’achète pas de riz
- A má màlo sàn
il n’ a pas acheté du riz
D’où le tableau – provisoire - suivant :
+ | _ | |
---|---|---|
présent | bé | tέ |
passé | kà | má |
|
1.3.
Les verbes transitifs et les verbes intransitifs connaissent un deuxième type de présent, qu’on peut appeler présent progressif ; exemples :
VI | à bé táala | il est en train de partir |
VT | à bé màlo tóbila | il est en train de faire cuire le riz |
La différence entre les deux présents n’est pas toujours très claire ; de plus, il peut exister, suivant les locuteurs, d’autres formes exprimant l’idée de présent progressif.
- Seku be mun kεra ?
a be a la ka + activité
- A be nεgεso bolila
il est dedans pour dire qu’il est plongé dans cette activité.
1.4.
L’impératif et le prohibitif (impératif négatif) s’expriment de la manière suivante :
VI | táa | |
pars ! | Kánà táa | |
ne pars pas ! | VT | sògo dómu |
mange la viande ! | Kánà sògo sàan |
Les verbes transitifs employés à l’impératif ou au prohibitif prennent nécessairement l’objet. Un énoncé comme : prends ! sera rendu en dioula par à tà (prends-le), soit objet + verbe.
1.5.
La forme yé…yé (au négatif t …yé) exprime une identité par exemples :
- Nìn yé mùru yé
ceci est un couteau
- Né yé Musa dén yé
je suis l’enfant de Moussa
- nìn tέbèse yé
ceci n’est pas une machette
on entend également la forme bé…yé. |
1.6.
nìn (ces, ce, cet) est un démonstratif ; comme tout déterminant, il est placé derrière le nom ; exemples :
- mùso nìn…
cette femme…
- wùlu nìn…
ce chien…
il porte la marque w du pluriel, et se prononce alors nìnw ou nùnunw ; nous écrirons toujours nìnw ; nìn peut s’employer sans déterminer : voir exemples en 111-0-5.
1.7.
dέ, comme kέ ou wà, est une marque phrastique, c’est-à-dire qui s’applique à l’ensemble de l’enoncé ; sa valeur est emphatique ; exemples :
- kánà à kέ dέ
ne le fais pas "surtout" !
- ń má à dómu dέ
je ne l’ai pas mangé, "je te le jure" !
dέ, comme kέ, est un élément fréquemment employé ; dέ et kέ n’ont pas d’équivalent véritable en français.
1.8.
kósͻn fait partie des propositions, classe d’éléments qui sera étudiée en IV-0 ; on peut néanmoins retenir comme formules courantes :
- à kέ ála kósͻn
fais-le pour Dieu (au nom de Dieu) !
- à nàna Musa kósͻn
il est venu grâce à Moussa
- í bé táa mùn kósͻn ?
pourquoi pars-tu ?
1.9.
Sìgilan est un nominal formé par siffixation de –lan au verbe sìgi (asseoir) ; le suffixe –lan / -nan réfère à un ‘’instrument’’ ; on trouvera, formé selon le même procédé :
- dátúgulan
(couvercle)
de
- dátúgu
(fermer)
- flánnan
(balai)
de
- flán
(balayer)
Vocabulaire
- kà
(marque d’énoncé)
- dɛ́
(particule d’emphase)
- wéle
appeler
- sàn
acheter
- mɛ́n
entendre
- fèere
vendre
- kɛ́
faire
- tóbi
préparer (de la nourriture)
- màlo
riz
- sògo
viande, animal
- kú
igname
- bàranda
banane
- sìsɛ
poulet
- sísàn
maintenant
- lɔ́n
savoir, connaître
- bé… la
(marque d’énoncé)
- tɛ́… la
(marque d’énoncé)
- ɛ́ɛ
(interjection)
- nìn
ce, cette…
- kóson
grâce à, à cause de
- yé… yé
(marque d’énoncé)
- kánà
(marque d’énoncé)
- dómu
manger
- tà
prendre
- nà
venir
- sɔ̀n
accepter, oser
- tàbali
table
- sìgilan
chaise
Partie IV:
Chapitre 1.
1.1.
Les verbes transitifs peuvent être employés à la voix active ou à la voix passive. Dans la leçon III-0, seule la voix active a été traitée, nous allons maintenant étudier la voix passive. Le principe fondamental est le suivant : un verbe transitif employé sans objet est à la voix passive ; Exemples :
- Màlo bé dómu
le riz se mange
- Nìn tɛ́ kɛ́
Ceci ne sé fait
- Sògo má tìgɛ
La viande n’as pas été coupé
Dans ces trois exemples les trois verbes transitifs dómu, kɛ́, tìgɛ sont employées sans objet: le sens dé l’enoncé est passif. Dans le cas du passé affirmatif, la forme passive né se forme pas avec "ka" (ye) qui nous l’avons vu, est réservé à l’emploi actif des verbes transitifs - mais avec le suffixe -la (-ra, -na) exemple :
- Sògo tìgɛla
la viande a été coupée
- Màlo dómula
le riz a été mangé
Les verbes mixtes peuvent fonctionner comme des verbes transitifs ou intransitifs; exemples. : dòn (entrer, enfiler…)
- Musa dònna
Moussa est entré
- Musa bé dòn
Moussa entre
- Musa má dòn
Moussa n’est pas entré
- Musa kà dèreke dòn
Moussa a enfilé la chemise
- Dèreke dònna
La chemise a été enfilée
- Dèreke má dòn
La chemise n’a pas été enfilée
Dans les trois premiers exemples, dòn est employé comme táa ou nà, son sens est actif. Dans la quatrième phrase, il est employé comme un verbe transitif, avec un objet, et son sens est actif; dans les deux derniers exemples, dòn est employé sans objet: seul, le sens de dèreke (chemise) permet de savoir que la phrase est passive; dans un exemple comme à bé dòn, suivant que à est animé (Moussa…) ou inanimé (chemise), la phrase signifiera: il entre ou ça s’enfile.
Les verbes mixtes sont extrêmement fréquents en dioula: bɔ (sortir, enlever…), pán (sauter, enjamber…), wúli (se lever, bouillir..), etc…
"tun" est un élément grammatical dont la présence dans un énoncé transforme l’aspect de la marque d’énoncé (lò, bé ou marques d’énoncés adjectivaux que nous verrons en VII-0-1); exemples:
- à táara
il est parti
- à tùn táara
il était parti
- à bé yàn
il est ici
- à tùn bé yàn
il était ici
- à má Musa yé
l n’a pas vu Moussa
- à tùn má Musa yé
i il n’avait pas vu Moussa
- wàri té
ce n’est pas de l’argent
- wári tùn té
ce n’était pas de l’argent
Dans certains énoncés complexes, que nous n’étudierons pas ici, "tun" transforme un futur en conditionnel. Sa valeur sémantique est donc l’inactualité, passé ou future (mode inactuel).
"kà" est un élément connectif permettant de coordonner deux ou plusieurs énoncés; exemples:
- à táara Abidjan
il est parti à Abidjan
- à kà móbili san
il a acheté une voiture
- à táara Abidjan kà móbili sàn
il est parti à Abidjan et a acheté une voiture
- à kà à yé
il l' a vu
- à kà à fò
il l’a salué
- à kà à yé ka à fò
il l’a vu et l’a salué
|
"kó" est un élément grammatical très fréquent en dioula: ce n’est pas, bien qu’on le traduise dans certains cas par "dire", un verbe, puisque "kó" n’accepte aucune des marques verbales; voici quelques exemples d’emploi :
- à kó dì?
que dit-il?
- à kó à bé nà
il dit qu’il vient
- Musa b' a fɔ́ kó a nàna
Moussa dit (va dire) qu’il est venu
"dì" est un élément interrogatif, comme mùn, mín…; son emploi est plus restreint que les interrogatifs vus précédemment; exemples:
- à kó dì?
que dit-il?
- à kɛ́la di?
comment ça s’est passé?
- à nána cógo di ?
comment est-il venu?
"fóyi" (rien s’emploie uniquement dans une phrase négative; exemples:
- à má fóyi kɛ́
il n’a rien fait
- Musa má fóyi sàn
Moussa n’a rien acheté.
- fóyi tɛ́
ce n’est rien
"dɔ́" est une marque de l’indéfini; exemples:
- mùso nàna
la femme est venue
- mùso dɔ́ nàna
une femme est venue
- à kà móbili sàn
il a acheté la voiture
- à ka móbili dɔ́ sàn
il a acheté une voiture
Lorsque dɔ́ est employé sans déterminé, c’est-à-dire isolément, il correspond à peu près au "en" français; exemples:
- à ma dɔ́ yé
il n’en a pas vu
- dɔ́ bé Abidjan
il y en a à Abidjan
dɔ́ prend la marque du pluriel ; exemples:
- mùso dɔ́w nàna
des femmes sont venues
- à kà móbili dɔ́w sàn
il a achété des voitures
- dɔ́w bé yàn
certains sont ici
Enfin, dɔ́w… dɔ́w correspond à l’expression certains… d’autres; exemples:
- dɔ́w táara Abidjan, dɔ́w táara Bouaké
certains sont partis à Abidjan, d’autres à Bouaké.
kúnù (hier) est un nom fonctionnant comme circonstant, dont on verra le fonctionnement en [VI-0-2]. Remarquons seulement qu’il peut se placer soit au début, soit à la fin de l’énoncé; exemples :
- kúnú, à táara
hier, il est parti
- à táara kúnù
il est parti hier
án et áw correspondent respectivement aux première et deuxième personnes du pluriel; exemples.:
- án táara
nous sommes partis
- án dénw táara
nos enfants sont partis
- áw táara
vous êtes partis
- áw dénw má táa
vos enfants ne sont pas partis án peut être également prononcé ánw.
áw peut étre également prononcé á (différent de à, pronom de la troisième personne du singulier).
Le système pronominal se présente de la manière suivante:
1er sing | ń (je) | né/né le (moi je ) | né lò/né le lò (c’est moi qui) |
2e | í | íle/é | íle lò |
3e | à | àle | àle lò |
1ère pl. | án/ánw | ánwle | ánwle lò |
2e | áw/á | áwle | áwle lò |
3e | ò | òle | òle lò |
De nombreuses variantes sont possibles, suivant les régions et suivant les personnes: ò/ù, ánwle/ánnugu, òle/olugu/òlu…
Il existe en dioula deux types de syntagmes complétifs: dans le premier type, les deux éléments se suivent sans connectif, exemples:
- Musa bámuso
la mère de Moussa
- sàga kán
le cou du mouton
- à dén
son enfant (l’enfant de lui)
Dans le deuxième type, les deux éléments sont reliés par une particule de connection "tá": .
- Musa tá mùru
le couteau de Moussa
- ntá wári
mon argent (l’argent de moi)
Dans les deux types, l’ordre est complétant-complété (l’ordre est inverse en français); le connectif "tá" est employé lorsque la relation entre les deux termes est d’ordre contractuelle, aliénable (achat, prêt…): lorsque la relation est naturelle, inaliénable (par exemple entre moi et mon fils, moi et ma téte, etc…), les deux termes sont conjoints. "tá" peut être employé sans le deuxième terme du syntagme complétif; exemples:
- à tá lò
c’est le sien
- Musa tá lò
c’est celui de Moussa
- Musa tá bé yàn
celui de Moussa est ici
- ń tá tɛ́
ce n’est pas le mien
sauf dans ce dernier emploi, on trouvera ká et yá comme variantes dialectales de "tá". |
-ba et -nin sont des suffixes à valeur respectivement augmentative et diminutive; exemples:
- mùru
couteau
- mùruba
grand couteau
- mùrunin
petit couteau
-ba et -nin peuvent avoir des connotations mélioratives ou péjoratives; exemples:
- mùsoba
femme de mauvaise vie
yèn (là, là-bas) est l’un des mots les plus fréquents du dioula. Il peut signifier:
là-bas
- Mamadu táara yèn
Mamadou est parti là-bas
la, ici, "il y a"
- bàranda bé yèn
il y a des bananes
- dɔ́ bé yèn
il y en a
- à bé yèn
il y en a
Dans les exemples où "yèn" signifie "il y a", il est prononcé très rapidement et la voyelle est très peu audible: à bé y', dɔ́ bé y', etc… |
Vocabulaire
- tún
(marque d’inactualité)
- tá
(connectif)
- ɲíni
chercher
- kàsi
pleurer
- yé
voir
- túnu
perdre
- wári
argent
- kà
(connectif verbal)
- án
nous, nos…
- áw
vous, vos
- -ba
(augmentatif)
- -nin
(diminutif)
- kúnù
hier
- tìgɛ
couper
- séli
prier, prière, fête
- séliba
Tabaski
- sàga
mouton
- kán
cou
- sé
arriver (à), pouvoir
- fò
saluer
- kó
dire, que
- dì
comment
- -ie
(marque pronominale)
- fóyi
rien
- báara
travail
- sɔ̀rɔ
trouver, obtenir
- bɔ́
sortir
- yèn
là, là-bas
Partie V:
Partie VI:
Chapitre 1.
1.1.
Il existe en dioula deux types de circonstants (ce que la grammaire traditionnelle appelle parfois compléments circonstanciels) : Les circonstants marqués et les circonstants non marqués ; les circonstants marqués sont des syntagmes nominaux suivis d’une postpositions ; les circonstants non marqués sont des syntagmes nominaux non suivis d’une postposition ; exemples :
à táara Abidjan
il est parti à Abidjan
à táara lɔ́gɔfɛ lá
il est parti au marché
Dans le phrase 1, le circonstant est non marqué, dans la phrase 2, le circonstant est marqué (postposition lá).
1.2.
Les circonstants non marqués peuvent être :
des noms de lieux
des éléments nominaux "adverbiaux" ; en voici quelques exemples :
- sísan
maintenant
- à kɛ́ sísan
fais-le maintenant
- bì
aujourd’hui
- à nàna bì
il est venu aujourd’hui
- jóona
tôt, vite
- à nàna jóona
il est venu tôt
- síni
demain
- à bé na síni
il vient demain
- gbánsan
"pour rien"
- à nàna gbánsan
il est venu pour rien
- dɔ́ɔnindɔɔnin
un tout petit peu
- à kà jí min dɔ́ɔnindɔ́ɔnin
il a bu un tout petit peu d’eau
des syntagmes à valeur temporelle, ou de manière, etc… ; en voici quelques exemples :
- à nàna sìɲɛ sàba
il est venu trois fois
- à nàna kálo tɛmɛnin
il est venu le mois passé
- ò nàna flà flà
ils sont venus deux par deux
1.3.
Les circonstants marqués le sont par des postpositions, lesquelles se divisent en postpositions formelles et postpositions lexicales :
postpositions formelles : elles n’ont par elle-mêmes aucun sens ; elles sont au nombre de cinq : lá/ná, yé, mà, fɛ̀, kàn. Si l’on excepte kàn, qui se traduit le plus souvent par "sur", il est extrêmement difficile de donner un sens même approximatif aux postpositions formelles; voici quelques exemples d’emploi :
- à táara lɔ́gɔfɛ lá
il est allé au marché
- à kà gbán kɛ́ ná lá
elle a mis du gombo dans la sauce
- à má sɔ̀n kúma nìn ná
il n’a pas accepté cette parole
- sèn náani bé sìgilan ná︄
la chaise a quatre pieds
- à bé lá ála lá
il croit en Dieu
- à kà nìn fɔ́ Musa yé
il a dit cela à Moussa
- à kà wári dí Musa mà
il l donné de l’argent à Moussa
- nìn tɛ́ wári yé
ce n’est pas de l’argent
- à ká dí musa yé
c’est agréable à Moussa
- à kà wùlu ta à kú mà
il a pris le chien par la queue
- à kó à mà︄
il lui a dit
- ń táara Musa fɛ̀ yen
Je suis allé chez Moussa
- ù táara ɲɔ̀gɔn fɛ̀
ils sont partis ensembles
- Musa bé màlo fɛ̀
Moussa veut du riz
- màlo bé Musa fɛ̀
Moussa a du riz
- à bé yàn fɛ̀
c’est par ici
- mùru bé tàbali kàn
le couteau est sur la table
lá est la postposition la plus fréquemment employée.
l’emploi d’une postposition est en général fixe pour chaque verbe. Il est donc très utile de connaître les principales expressions verbales comportant l’association obligatoire d’un verbe et d’une postposition, comme :
- fɔ́… yé︄
dire à
- dí… ma
donner à
De même, il est utile de connaître certaines expressions (N + postposition) constituant des cirsonstants, comme par exemple :
- ɲɔ́gɔn fɛ̀
ensemble
bien distinguer :
- à táara Musa fɛ̀
il est parti avec Moussa
de
- à táara Musa fɛ̀ yèn
il est parti chez Moussa
postpositions lexicales : ce sont soit des postpositions simples, soit des locutions postpositives, constituées par des éléments lexicaux faisant office de postpositions : exemples :
- kɔ́nɔ
ventre
dans, au bout de- kórɔ
dessous, sens
à côté, près de- bólo
main
dans, par- kɔ́︄
dos
après- kó fɛ̀
dos + postp.
derrière- ɲá fɛ
oeil + postp.
devant- dá fɛ̀
bouche + postp.
en face- kɛ̀rɛ fɛ̀︄
côté + postp.
à côté
kɔ́nɔ, kɔ́rɔ, bólo, kɔ́, sont des postpositions lexicales, kɔ́ fɛ̀, ɲá fɛ̀, dá fɛ̀, kɛ̀rɛ fɛ̀, des locutions postpositions lexicales. Cette liste n’est pas limitative.
júkɔrɔ (sous, en dessous de) est une postposition lexicale formée, comme un nom composé, de deux nominaux. On peut penser que kɔ̀sɔn (à cause de, grâce à) est également un composé, bien que les éléments qui le composent ne soit plus actuellement discernables.
1.4.
La composition est un fait grammatical extrêmement important en dioula ; les noms composés peuvent être formés de divers éléments, comme le montre les exemples suivants:
- bólo (main) + kán (cou)
bólokan (poignet) [N + N]
- bólo (main) + lá (sur) + nɛ̀gɛ (fer)
bólolanɛgɛ (bracelet) [N + postp. + N]
- fàni (tissue) + fèere (vendre) + -lá (celui qui)
fànifeerela (vendeur de tissu) [N + V + suffixe]
- dén (enfant) + mìsɛn (petit) + -ya (état de)
dénmisɛnya (enfance) [N + adj. + suffixe]
Tous ces noms composés ont en commun une caractéristique: le schéma tonal, la règle étant la suivante : si le premier élément du composé est à ton bas (fàni dans fànifeerela), le nom composé entier est à ton bas, excepté le dernier élément (lá dans fànifeerela) qui est à ton haut ; si le premier élément du composé est à ton haut (dén dans dénmisɛnya), le nom composé entier est à ton haut, excepté le dernier élément qui est à une hauteur un peu supérieure à celle des tons hauts précédents.
1.5.
bé nà et tɛ́ nà sont, comme bé et tɛ́, kà et mà, des marques d’énoncé. bé nà et tɛ́ nà correspondent généralement au futur, affirmatif et négatif du français ; exemples :
- à bé nà dɔ́ sàn
il en achètera
- à tɛ́ nà dɔ́ sàn
il n’en achètera pas
1.6.
túgun est un élément qui se situe en fin d’énoncé, après le(s) circonstants(s), mais avant les particules phrastiques dɛ́, kɛ́, wà. Suivant qu’il se trouve dans un phrase affirmative ou négative, il se traduit par encore ou ne plus ; exemples :
- à kà à kɛ́
il l’a fait encore (de nouveau)
il l’a refait- à má nà túgun
il n’est plus revenu
Vocabulaire
- gbán
gombo
- lɔ́gɔfɛ
marché
- ná
sauce
- túgun
encore, ne plus
- lá/ná
(postposition)
- fɛ̀
(postposition)
- màrfa
fusil
- kɔ́nɔ
dans
- fɔ́
dire
- bón
maison
- jí
eau
- ní… yé
avec
- yé
(postposition)
- kàn
sur
- jùkɔrɔ
sous, en dessous de
- ɲá fɛ̀
devant
- kɔ́ fɛ̀
derrière
- dɔ́ɔnin
un peu
- sú
nuit
- àyiwà
eh bien, bon
- dí
donner
- búru
pain
- fàni
tissu, pagne
- dɔ̀n
danse
- mìn
boire
- nɔ́rɔ
lieu, endroit
- bé nà
(marque d’énoncé)
- tɛ́ nà
(marque d’énoncé)
- mà
(postposition)
- ɲyɔ́gɔn fɛ̀
ensemble
- -la
(suffixe d’agent)
Partie VII:
Chapitre 1.
1.1.
kùmu, dí, cá, gbɛ́, kólon, mìsɛn sont des adjectifs ; on appelera adjectif un élément qui peut commuter avec ɲi dans les énoncées
à ká ɲi
c’est bien
à má ɲi
ce n’est pas bien
exemples:
- mùsow mán cá
les femmes ne sont pas nombreuses
- sògo ká dí
la viande est bonne
- à tún mán ɲi
ce n’était pas bon
1.2.
Dans un syntagme adjectival, l’ordre des termes est toujours N + A ; plusiers cas peuvent se présenter :
l’adjectif suit le nom sans changement de forme :
- nɔ́nɔ kùmu
lait caillé
- dɛ̀bɛ kólon
vieille natte
l’adjectif ne peut pas suivre le nom sans changement de forme ; à l’adjectif s’ajoute alors le suffixe -man ; exemple :
- mùso cáman
beaucoup de femmes
dí et ɲì, qui entrent dans cette catégories, deviennent respectivement diiman et ɲùman. certains adjectifs peuvent avoir, lorsqu’ils suivent le nom, les deux formes :
- dén júgu lò
s’est un enfant méchant
- dén júguman lò
c’est un enfant méchant
1.3.
Les remarques faites jusqu’ici sur l’emploi de A et A + -man ne rendent pas totalement compte du "problème adjectif", qui est en dioula très complexe. Signalons, par exemple, que dans certains cas, A + -man peut s’employer non précédé d’un nom, que, d’autres part, certains adjectifs peuvent fonctionner comme de noms, etc… Aucune règle ne permet de prévoir quels adjectifs fonctionnent comme kólon, comme dí ou comme júgu.
1.4.
fítini, bèlebele ne sont pas des adjectifs, mais des éléments qualifiants fonctionnant après un nom ; exemples :
- mùru fítini lò
c’est un petit couteau
- móbili bèlebele lò
c’est une grosse voiture
1.5.
Les syntagmes N + A (nɔ́nɔ + kùmu), N + (A + -man) (mùso cáman) et N + éQ (móbili + bèlebele) fonctionnent tonalement selon la même règle : le schéma tonal du syntagme ne dépend pas du ton de l’adjectif ou du qualifiant, mais du nominal : on retrouve ici la même règles que pour les noms composés (cf. 6-0-4) ; exemples :
- mùso + júgu
schéma tonal : BBHH
- mùru + mìsɛn
schéma tonal : BBHH
- mùso + cáman
schéma tonal : BBHH
- mùso + ɲùman
schéma tonal BBHH
- mùso + fítini
schéma tonal : BBHHH
- mùso + bèlebele
schéma tonal : BBHHHH
- nɔ̀nɔ + kùmu
schéma tonal : HH+H+H (+H = ton plus haut que H)
- nɔ̀nɔ + cáman
schéma tonal : HH+H+
- kúrun + ɲùman
schéma tonal : HH+H+H
1.6.
La marque du pluriel est suffixée à l’ensemble du syntagme :
- mùso ɲùmanw lò
ce sont des femmes gentilles
- à kà dɛ̀bɛ kólonw sàn
il a acheté des nattes usagées
- mùru fítiniw lò
ce sont des petits couteaux
1.7.
Il existe en dioula trois participes, formés à partir du verbe par suffixation de -len, -tɔ, -ta. Ces participes suivent le nom ou le pronom ; exemples :
- báara kɛ́len lò
c’est le travail fait
- báara kɛ́tɔ lò
c’est le travail en train d’être fait
- báara kɛ́ta lò
c’est le travail à faire
-len, -tɔ, -ta correspondent respectivement à des participes passé, présent et futur.
1.8.
Les participes peuvent fonctionner comme qualifiants dans un syntagme participial, ou comme attributs exemples :
- à kà màlo tóbilen sàn
il a acheté du riz préparé
- mùso sìgilenw bé mín ?
ou sont les femmes assises ?
- mùsow sìgilen bé mín ?
où les femmes sont-elles assises ?
En (1) et (2), N + P forme un syntagme participial, en (3), le syntagme est mùsow, sìgilen est en fonction attributive.
1.9.
Le ton du syntagme participial dépend du deuxième élément du groupe, comme pour les numéraux (cf. 2-0-3) : si le ton du participle est haut, le ton du syntabme sera BBHH (élément 1 à ton bas) ou HH+H+H (élément 1 à ton haut) si le ton du participe est bas, le schéma tonal sera modulé, BHBH (élément 1 à ton bas), HHBH (élément 1 à ton haut).
1.10.
Lorsqu’un participe est formé à partir d’un verbe transitif, l’object doit être indiqué pour que le verbe garde son sens actif ; exemples :
- à kà mùso màlo dómutɔ yé
il a vu la femme en train de manger le riz
Si le participe n’est pas prédédé de l’object, le sens est passif :
- à kà mùso dómutɔ yé
il a vu la femme en train d’être mangée (!)
1.11.
Dans un syntagme comportant plusieurs éléments qualifiants, l’ordre des éléments n’est pas fixé, mais :
le nominal est toujours le premier élément
le numéral est toujours le dernier ; exemple :
- à kà mùso bèlebele ɲùman sàba yé
il a vu deux grosses femmes gentilles
1.12.
ní est un élément qui sert à former des phrases complexes, il a une valeur conditionnelle ou temporelle ; ní est placé au début de l’énoncé. Dans une phrase complxe formée avec ní, le temps du verbe de la première partie de l’énoncé, comprenant ní est au passé, l’action de la subordonnée étant antérieure à l’action de principale ; exemples :
- ní Musa nàna, án bé tá dɔ̀n kɛ́
Quand Moussa vient, nous allons danser
- ní Musa nàna, án bé nà táa dɔ̀n kɛ́
quand Moussa viendra, nous irons danser
- ní Musa tún nàna, án tún bé táa dɔ̀n kɛ́
si Moussa était venu, mous serions allés danser
Quand les deux actions sont au passé, on utilise les formes suivantes : participe passé + passé, túma mín, yɔ́rɔ mín, lón mín… ; dans tous ces cas, on n’emploie pas ní ; exemples :
- à nàlen, mɔ̀gɔw kà à ɲíninka
quand il fut arrivé, les gens l’interrogèrent
- mùsow bɔ́len, cɛ̀w wúlila kà kúma
les femmes sorties, les hommes se levèrent et Parlèrent
- à táara túma mín, mùsow kà à fò
quand il partit, les femmes le saluèrent
- à kà wári sòrɔ túma mín, à táara à fàcɛ wéle
quand il trouva l’argent, il alla appeler son père
- à séla yɔ́rɔ mín, mùsow kà à fò
quand il arriva, les femmes le saluèrent
- à séla dón mín à mùso táara
le jour où il arriva, se femme partit
|
1.13.
lón ó lón (chaque jour), sú ó sú (chaque nuit), sont des syntagmes le plus souvent employés comme circonsants, soit au début, soit à la fin d’un énoncé ; exemples :
- sú ó sú, à bé táa dɔ̀n kɛ́
toutes les nuits, il va danser
- mùsow bé táa lɔ́gɔfɛ lá lón ó lón
les femmes vont au marché chaque jour
1.14.
à bé jòli ? est l’expression la plus courante pour : c’est combien ? Lorsque jòli n’est pas précédé d’un nom (sàga, wùlu…) il réfère à l’argent.
- mùru bé jòli ?
combien coût le couteau ?
- nìn bé jòli ?
combien coûte ceci ?
La forme jòli lò ? (combien ça coûte ?) est employée lorsque l’objet de référence n’a pas à être précisé.
d’autres formules peuvent être utilisés, par exemple :
|
1.15.
dàrsi/dàrasi ou drɔ̀mɛ/dɔ̀rɔmɛ fait référence à la pièce de 5 francs ; tout prix est toujours donnée en dàrsi, même lorsque le terme dàrsi n’apparaît pas dans la phrase :
- à bé jòli ? dàrsi náani
c’est combien ? vingt francs
- à kà à sàn kɛ̀mɛ náani
il l’a acheté deux mille francs
1.16.
jùman (quel, lequel) est un mot interrogatif du même type que jòli ; le schéma tonal Nom. + jùman suit la règle déjà énoncée pour les numéraux et le participes.
1.17.
kósɔbɛ (très, très bien…) est un élément qui apparaît en fin d’énoncé, devant les marques phrastiques. Il accompagne un énoncé adjectival ou verbal ; exemples :
- à kà dí kósɔbɛ
c’est très bon !
- ń kà à mɛ́n kósɔbɛ
j’ai très bien compris !
kósɔbɛ, employé seul, marque l’accord de celui qui écoute à celui qui parle.
Vocabulaire
- nɔ́nɔ
lait
- kúma
aigre, caillé
- dàrsi/dàrasi
cinq francs
- mɔ̀gɔ
homme, personne humaine
- kósobɛ/kɔ́sɔbɛ
bine, tres…
- súkaro
sucre
- cá, cáman
abondant, nombreux, beaucoup
- ɲì, ɲùman
bon, gentil
- dí, dúman
bin agréable
- ká
(marque d’énoncé)
- mán
(marque d’énoncé)
- bèlebele
gros
- fitini
petit
- tɛ̀mɛ
passer
- gbɛ́, gbɛ́man
blanc, claire
- jùman
quel, lequel
- -len
(marque participe passé)
- -tɔ
(marque participe présent)
- ta
(marque participe futur)
- lɔ́n
jour
- sɔ̀gɔma
matin
- cɛ̀ kɔ̀rɔba
vieux
- sigi
s’assoire, s’installer
- dɛ̀bɛ
natte
- kólon
usagé, mauvais
- kúma
parler, parole
- misɛn
petit, fin…
- bòli
courir
- lú
concession
- tùma
moment
- wùli
se lever
- lá
coucher, étendre
- ní
si, quand
- ó
(connectif)
Partie VIII:
Chapitre 1.
1.1.
L’injonction se forme à l’affirmatif par la copule yé, au négatif par la copule kána. ex.:
- à kó musa yé nà
il dit que Moussa vienne
- à kó í yé nà
il dit que tu viennes
- à kó án yé nà
il dit que nous venons
- à kó Musa kána nà
il dit que Moussa ne vienne pas
- à kó í kána na
il dit que tu ne viennes pas
Nous avons vu en III-1 comment se forme l’impératif à la deuxième personne du singulier la deuxième personne du singulier est la seule personne à laquelle l’impératif et l’injonctif soient différents; aux autre personnes, les marques des discours direct et indirect sont les mêmes: ex.:
- áw kána à kɛ́
ne le faites pas
- à b’à fɔ́ kó áw kána à kɛ́
il dit que vous ne le fassiez pas
- à b’á fɔ́ Musa yé nà
Il dit que Moussa vienne
- à yé nà
qu’il vienne
1.2.
mín est une élément grammatical qui sert à former des phrases complexes: c’est un pronom relatif, qui ne devra pas être confondu avec mín, élément interrrogatif (II-0-4). Le pronom relatif se place derrière le nom auquel il réfère, l’ordre des éléments restant le même; exemples:
- mùso mín bé yàn, n bàmuso lò
la femme qui est ici est ma mère
- à kà mùso mìn yé, n bàmuso lò
la femme qu’il a vue est ma mère
- a kà wári dí mùso mín má, n bàmuso lò
la femme à qui il a donné l’argent c’est ma mère
Le rélatif prend la marque du pluriel: exemples:
- à kà mùso mínw fò, n m’ò lɔ́n
les femmes qu’il a saluées, je ne les connais pas.
|
1.3.
fó comme ní et mín sert à construire des phrases complexes; deux constructions sont possibles:
proposition 1 + fó + proposition 2
proposition 1 + fó kà + (sujet) + verbe
Exemples:
à kà báara kɛ́ fó à sɛ̀gɛla
il a travaillé jusqu’à se fatiguer
à kà báara kɛ́ fó kà sɛ̀gɛ
il a travaillé jusqu’à se fatiguer
à kúmana fó Amadu nána
il a parlé jusqu’à ce que Amadou vienne
à kúmana fó ka Amadu ná
il a parlé jusqu’à la venue d’Amadou
|
1.4.
drɔ́n, fána, yɛ̀rɛ, kɔ̀ni sont des éléments qui peuvent se placer soit derrière le nom, soit à la fin de l’énoncé. Nous n’envisagerons dans ce cours que le premier cas; exemples:
- mùso drɔ́n nàna
la femme seulement est venue
- mùso fána nàna
la femme aussi est venue
- mùso yɛ̀rɛ nàna
la femme elle-même est venue
- mùso kɔ̀ni nàna
la femme, pour sa part est venue
Avec un pronom, on trouvera les formes suivantes: né drɔ́n…, íle drɔ́n…, etc…, de même, on dira né kɔ̀ni…
drɔ́n, fána yɛ̀rɛ, kɔ̀ni peuvent êre employées derrière un nom ou un pronom en fonction d’objet ou de circonstant; exemples:
- à ká à di né kɔ̀ni mà
c’est à moi qu’il l’a donné
- à kà ń mùso fána yé
il a vu aussi ma femme
1.5.
kà bán, kà mɛ́ɛn, kà ɲan sont des expressions très usuelles formées avec le connectif kà (cf 4-1-4) et un verbe; exemples:
- à kà báara kɛ kà ban
il a fini de travailler
- à kà báara kɛ kà mɛ́ɛn
il a travaillé longtemps (il a "duré" au travail)
- à kà báara kɛ kà ɲan
il a bien travaillé
1.6.
Le pronom réfléchi est le même que le pronom sujet, sauf ou la troisième personne du singulier ou í remplace à; exemples:
- ń kà ń sìgi
je me suis assis
- à k’i sìgi
il s’est assis
ù est employé de préférence à ò comme pronom réfléchi de la troisième personne du pluriel. |
1.7.
Il existe en dioula plusieurs type de dérivations verbales dont les deux plus fréquents sont la dérivation par préfixation de lá-, et la dérivation par redoublement.
La préfixation de lá- transforme un verbe intransitif en verbe transitif; un verbe transitif auquel est ajouté lá reste transitif les verbes dérivés en lá- ont souvent une veleur factive; ex.:
- à kà Musa lána
il a fait venir Moussa
- à kà Awa lákàsi
il a fait pleurer Awa
- à kà à lábɔ̀
il l’a fait sortir
Les verbes dérivés par redoublement ont une valeur de répétition, d’intensité; exemples:
- fára
déchirer
- fárafara
déchirer en petits morceaux, déchiqueter…
- tìgɛ
couper
- tìgɛtigɛ
coupler en petits morceaux, hacher…
1.8.
Les nombres à partir de 10 se disent de la façon suivante:
tán ní kélen | 11 |
tán ní flà | 12 |
tán ní sàba | 13 |
tán ní kɔ̀nɔntɔn | 19 |
mùgan ní kélen | 21 |
mùgan ní kɔ̀nɔtɔn | 29 |
bí sàba | 30 |
bí náani | 40 |
bí kɔ́nɔntɔ | 90 |
bí kɔ́nɔntɔ ní kélen | 91 |
kɛ̀mɛ | 100 |
kɛ̀mɛ flà | 200 |
kɛ̀mɛ flà ní bí sàba ní sàba | 233 |
wáa kélen |
|
1.9.
il existe plusieurs façons d’indiquer l’âge, plus ou moins courantes:
Musa yé sánji jòli yé?
Musa yé sánji tán yé
Musa sí yé jòli yé?
Musa sí yé sán tán yé
Musa sánji yé jòli?
Musa sánji yé tán
Musa sánji dá yé jòli?
Musa sánji dá yé tán
Sáni jòli bé Musa fɛ̀?
Sánji tán bé Musa fɛ̀
Musa bé sánji jòli?
Musa bé sánji tán
Toutes ces formes sont équivalentes et signifient: quel âge a Moussa? Il a dix ans. Nous choisirons dans les exercices la forme No 3.
Une forme différente est employée pour exprimer un âge approximatif; exemples:
|
1.10.
On exprime le nom de quelque chose ou le prénom de quelqu’un par les formes:
- à tɔ́gɔ
(Bakari, Abidjan…)
- à tɔ́gɔ kó
(Bakari, Abidjan…)
- à tɔ́gɔ yé
(Bakari, Abidjan…)
- à tɔ́gɔ bé
(Bakari, Abidjan…)
Les questions correspondant à ces quatre réponses sont: à tɔ́gɔ dì? à tɔ́gɔ kó dì? à tɔ́gɔ bé dì? Toutes ces formes sont équivalentes: exemple:
- à tɔ́gɔ dì?
à tɔ́gɔ kó Bakari
- comment s’appelle-t-il?
il s’appelle Bakari.
Vocabulaire
- sɛ́bɛ
papier, lettre
- blà
mettre
- fára
déchirer
- fìli
jeter
- áa
ah!
- sabari
pardon
- fén
chose
- mín
(pronom relatif)
- lá-
(dérivatif verbal)
- téri
ami
- dòn
entrer
- fòro
champ
- mìsiri
mosquée
- tó
rester
- tɔ́gɔ
nom (pour une chose) prénom (pour une personne)
- drɔ́n
seulement
- yɛ̀rɛ
même (lui-même)
- kɔ̀ni
quant à
- fána
aussi
- yé
(marque d’énoncé)
- bán
finir
- nyɛ̀/nyà
être bien
- mɛ́ɛn
durer
- sɛ̀gɛ
fatiguer
- í ni cé
merci
- lò
s’arrêter, être debout
- sàra
payer
- sánji
année
- fó, fó ka
jusqu’à
- wɔ́ɔrɔ
6
- wólónflà
7
- ségi/séegi
8
- kɔ̀nɔntɔ
9
- tán
10
- mùgan
20
- wáa
1000, 5000 francs
- bí
10 (dans les chiffres supérieurs à 30)
Chapitre 2.
2.1.
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|
2.2. Exercise
nìn lámɛ́n
- à kà mɔ̀gɔ min fò, Musa lò wa?
ɔ̀nhɔ́n, à kà mɔ̀gɔ mín fò, Musa lò
ségi à kàn
- à kà mɔ̀gɔ min fò, Musa lò wa?
ɔ̀nhɔ́n, à kà mɔ̀gɔ mín fò, Musa lò
à kà mɔ̀gɔ mín fò, Amadu lò wà?
à kà mùso mín fò, a bámuso lò wà?
à kà mùso mín fò, Musa bámuso lò wà?
à kà cɛ̀ kɔrɔba mín fɔ́, Musa fàcɛ lò wà?
à ka mùso fítini mín fò, Awa dɔ̀gɔmuso lò wà?
í ka mùso mí fò, Awa bámuso lò wà?
Jabiliw
ɔ̀nhɔ́n, à kà mɔ̀gɔ mín fò, Amadu lò.
ɔ̀nhɔ́n, à kà mùso mín fò, a bámuso lò.
ɔ̀nhɔ́n, à kà mùso mín fò, Musa bámuso lò.
ɔ̀nhɔ́n, à kà cɛ̀ kɔrɔba mín fɔ́, Musa fàcɛ lò.
ɔ̀nhɔ́n, à ka mùso fítini mín fò, Awa dɔ̀gɔmuso lò.
ɔ̀nhɔ́n, í ka mùso mí fò, Awa bámuso lò.
2.3. Exercise
(la principale seulement est à transformer)
nìn lámɛ́n
mùso mín nàna, ń kà à lɔ́n mùso mín nàna, ń mà à lɔ́n
cɛ̀ kɔrɔba mín nàna, à fàcɛ tɛ́.
mùso flà mínw táara, à dɔ́gɔmusu lo.
à kà wári dí cɛ̀ mín mà, Musa lò.
à kà marfa dí cɛ̀ mín mà, Amadu lò.
à kà sɛ́bɛ dí mùso mín má, Awa lò.
à kà sɛ́bɛ mín fárafara, n tá tɛ.
Jabiliw
cɛ̀ kɔrɔba mín nàna, à fàcɛ lò.
mùso flà mínw táara, à dɔ́gɔmusu tɛ́.
à kà wári dí cɛ̀ mín mà, Musa tɛ́.
à kà marfa dí cɛ̀ mín mà, Amadu tɛ́.
à kà sɛ́bɛ dí mùso mín má, Awa tɛ́.
à kà sɛ́bɛ mín fárafara, n tá lò.
2.4. Exercise
nìn lámɛ́n
Partie IX:
Chapitre 1.
1.1.
Les formes ká kàn kà, mán kán kà, très fréquentes en Jula, sont des expressions figées formées à partir d’un énoncé adjectival. Elles correspondent à l’obligation; exemples :
- à ká kán kà bɔ́
il doit sortir (il faut qu’il sorte)
- à mán kán kà táa
il ne faut pas qu’il parte
la forme affirmative est parfois contractée en: kán kà; exemples:
|
1.2.
Les ordinaux se forment en Jula par l’adjonction du suffixe -nan: sába (trois) — sàbanan (troisième). A kélen (un) correspond fɔ́lɔ (premier), mais dans les nombres supérieurs à 10, on retrouve le suffixe -nan: tán ní kélenan (onzième). Le schéma tonal nom + ordinal est le même que le schéma nom + adjectival actif, et donc différent du schéma tonal nom + numéral.
1.3.
pé est un élément qui se place derrière un numéral son sens est limitatif exemples :
- dén kélen pé b’a fɛ
il n’a qu’un seul enfant
- à kà dàrsi flà pé d’à mà
il ne lui a donné que dix francs
1.4.
kɔ́nɔma, nɛgɛma, yírilama, hakilima sont des qualifiants formées par suffixation de -ma ou -lama à des éléments nominaux : kɔ́nɔ (ventre), nɛgɛ (fer), yíri (bois), hákili (esprit). Ces éléments complexes fonctionnent, 1) comme qualifiants dans un syntagme qualificatif du même schéma tonal que le syntagme nom + numéral, 2) comme attributs, de la même manière que les participes (cf 7-1-0) exemples :
- mùso kɔ́nomaw nàna kùnù
les femmes enceintes sont venues hier
- à mùso kɔ́nɔma lo
sa femme est enceinte
- mɔ̀go hàkilima lo
c’est un homme réfléchi
|
1.5.
Un verbe transitif, employé sans objet, garde son sens actif lorsqu’il se nominalise par suffixation de -li/-ni; il est alors lui-même employé comme objet etc dans un énoncé dont le verge est le plus souvent kɛ (faire) exemples:
- à bé dómuni kɛ́
il mange (il fait le "manger")
- a là tigɛli kɛ
il coupe ( il fait le "couper")
1.6.
kò (affaire) est un nom qui peut se placer derrière n’importe quel nom ou verbe pour former un nom composé exemples:
- à nàko tún gwɛ̀ lɛ
sa venue (le faire venir, qu’il vienne) était difficile
- wáriko ká gwɛ̀lɛ dɛ́
ce qui concerne l’argent (les affaires d’argent) c’est délicat vraiment!
- mùso — mùsoko
affaires de femmes, histoires de femmes…
- fúru — fúruko
affaires concernant le mariage
kó peut également former un composé à partir de : objet + verbe, objet + adjectif + verbe… ;
- wárisͻrͻko
ce qui concerne l’obtention de l’argent
- dénnyumansͻrͻko
ce qui concerne l’obtention de bons enfants
1.7.
cὲ et mùso servent à former des composés sexués : térimuso (amie), téricε (ami), déncε (fils), dénmuso (fille) , wùlumuso (chienne), sàgacε (mouton mâle), sàgamuso (brebis), etc…
1.8.
-ya est un suffixe êxtremement fréquent en dioula, qui peut apparaître après des nominaux, des verbaux, des adjectivaux ; son sens général est ‘’ le concept d’abstrait’’ ; exemples :
- dén misεn
enfant
- dénmisεnnya
enfance
- kέrε
sain
- kέnεya
santé, être sain
- kiran
avoir peur
- síranya
peur
Tous les adjectifs peuvent se suffixer –ya :dí – díya ( être agréable, plaire), kùmu – kùmuya (être acide, devenir acide ) jàn – jàanya (grandir, être grand)…
1.9.
Le comparatif se forme en dioula par la forme ní… yé placée après l’énoncé adjectival ; ex. :
- Musa ká jàn ní Seku yé
Moussa est plus grand que Sékou
- sògo ká dí ní jὲgε yé
la viande est meilleure que le poisson
- sògo mán dí ní màlo yé
la viande est moins bonne que le riz
1.10.
Sí est un élément postposé au nominal ou au syntagme nominal ; il s’emploie, dans le sens de ‘’ aucun’’, uniquement dans des phrases négatives ; exemples :
- A má mùso sí yé
il n’a vu aucune femme
- mͻgͻ sí má nà
personne n’est venu
- à má à fͻ mͻgͻ sí yé
il ne l’a dit à personne
- à má móbili sí yé
il n’a vu aucune voiture
1.11.
Avoir en rapport avec sentiment, désir, émotion, sensation la forme bé… lá (copule + [nom ou pronom] + postp.) est très courante en dioula ; ex :
- hákili b’ à lá (l’esprit est en lui)
il est réfléchi
- a hàkili b’a la
il se souvient ; quand le sujet est précisé c’est se souvenir
- kͻngͻ b’à lá
il a faim
- nέnε b’à lá
il a froid
- bàna b’ à lá
il est malade
- múra b’ à lá
il a le rhume
- sèn flà b’ à lá
il a deux pieds
- sen flà bé tabali lá
la table a deux pieds
- fóyi t’ à lá
il n’a rien
- mùn be i lá ?
tu as quoi ?
- fóyi tε n’na
j’ai rien
1.12.
nkà (mais) est un élément qui sert à coordonner deux éléments de phrases ; exemples :
- A b’à fὲ kà nà, nkà wári t’ à fὲ
il veut venir, mais il n’a pas d’argent.
Très souvent, nkà est remplacé par mὲ (emprunt en français ‘’mais’’ ), tout comme sabu la est remplacé par pàsike (parce que) ; certains locuteurs dioula emploient les deux termes en concurrence, d’autres utilisent uniquement le mot emprunté ; dans certains cas, le mot ou la tournure proprement dioula a complètement disparu chez la plupart des locuteurs : c’est pratiquement le cas de kͻmi/kͻm (comme).
1.13.
La forme à + (tlè…) + numéral + yé nìn yé se traduit par : ‘’ il y a … jours’’. Elle est utilisée en concurrence avec la forme dèpi + (tlè…) + numéral, empruntée en français ; exemples :
- ń táara, à tlè sàba yé nì yé
je suis parti il y a trois jours
- ń táara, à kalo flà yé nìn yé
je suis parti il y a deux mois
1.14.
le verbe dími ( faire mal) est employé sous les formes suivantes :
ń sèn bé ń dími:: mon pied me fait mal à sèn b’ à dími:: son pied lui fait mal í sèn b’ í dími:: ton pied te fait mal Musa sèn b’ à dími:: Moussa a mal au pied ou le pied de Moussa lui fait mal n’ kùn bé n’ dími:: ma tête me fait mal ou j’ai mal à la tête
Vocabulaire
- kɔ́nɔ
ventre
- nɛ̀gɛ
fer, métal
- hákili
esprit
- yÍri
bois
- fͻlͻ
premier
- fͻlͻfͻlͻ
au commencement
- ká kán kà
il faut que
- -nan
(suffixe des ordinaux)
- -ma, -lama
(suffixe qualifiant)
- tlè
jour/ soleil
- fύru
épouser
- kό
affaire
- kálo
mois/ lune
- lͻgͻkun
semaine
- sà
mourir
- gbὲlε
difficile
- sÍ
aucun
- pé
un seul (numéral)
- -li/ -ni
(suffixe nominalisateur des verbaux)
- bàna
maladie
- dÍmi
faire mal
- kùn
tête
- bÌ
aujourd’hui
- nͻgͻ
facile
- kέnε
sain ou frais
- jàn
grand, haut, loin
- tlό
oreille
- nύn
nez
- sèn
pied, patte,jambe
- bόlo
bras, main
- dá
bouche
- kͻ
dos
- nyá
œil
- nkà
mais
- -ya
(suffixe abstrait)
Chapitre 2.
2.1.
2.1.1. Exercise 1
nìn lámɛ́n
- Awa kɔ́nɔma lò wa ?
Ɔ̀n-hɔn Awa kɔ́nɔma lò.
sègi à kàn
- Awa kɔ́nɔma ló wa ?
Ɔ̀n-hɔn Awa kɔ́nɔma lò.
à mùso kɔ̀nɔma lò wa ?
à dénmuso hákilima lò
à kà mùso kɔ̀nɔma yé wa ?
mùso kɔnɔma saba nana wa ?
2.1.2. Exercise 2 pé
nìn lámɛ́n
- mùso kélen nàna
mùso kélen pé nàna
sègi à kàn
- mùso kélen nàna
mùso kélen pé nàna
mɔ̀gɔ náani táara yèn
à kɔ̀rɔcɛ sàba nàna à fò
mùso kélen sɔnna
à kà múru nɛ̀gɛma kélen sàn
yíri kélen tìgɛla
mɔ̀gɔ kélen bɔ́la wa?
mùso kélen b’à fɛ̀
dɔ́gɔcɛ sàba bé musa fɛ̀
à bé dàrsi lóoru fɛ̀
à bé sàga kélen fɛ̀
dén mísɛn lóoru bé lú kɔ́nɔ
dàrsi tán dí n mà
Details
mɔ̀gɔ náani pé táara yèn
à kɔ̀rɔcɛ sàba pé nàna à fò
mùso kélen pé sɔnna
à kà múru nɛ̀gɛma kélen pé sàn
yíri kélen pé tìgɛla
mɔ̀gɔ kélen pé bɔ́la wa?
mùso kélen pé b’à fɛ̀
dɔ́gɔcɛ sàba pé bé musa fɛ̀
à bé dàrsi lóoru pé fɛ̀
à bé sàga kélen pé fɛ̀
dén mísɛn lóoru pé bé lú kɔ́nɔ
dàrsi tán pé dí n mà
2.2.
2.2.1. Exercise 3
Répondre à l’aide des nombres encadrés
nìn lámɛ́n
- à táara à tlè yé nìn yé?
à táara à tlè sàba yé nìn yé
sègi à kàn
- à táara à tlè yé nìn yé?
à táara à tlè sàba yé nìn yé
à mùso nàna à tlè jòli yé nin yé?
à kè mùso fùru à kálo jòli yé nin yé?
à fàcɛ sàla, à à tlè jòli nin yé?
cɛ kɔ̀rɔba sàla à sánji jòli yé nin yé?
à táara Abidjan, à sánji jòli yé nin yé?
à dénmuso sàla, à lɔ́gɔkun jòli yé ni yé?
à má na, à kálo jòli yé ni yé?
à séla yàn, à kálo jòli yé ni yé?
ò táara à tlè jòli yé ni yé?
mùso kɔ̀nɔma táara, à tlè jòli yé ni yé?
à dén sàbanan sàla, à tlè jòli yé ni yé?
báara bánna, à tlè jòli yé ni yé?
Details
à mùso nàna à tlè náani yé nin yé?
à kè mùso fùru à kálo lɔ́ɔru yé nin yé?
à fàcɛ sàla, à à tlè kɔ́nɔtɔ nin yé?
cɛ kɔ̀rɔba sàla à sánji sàba yé nin yé?
à táara Abidjan, à sánji tán ní flà yé nin yé?
à dénmuso sàla, à lɔ́gɔkun lɔ́ɔru yé ni yé?
à má na, à kálo tán ní kélen yé ni yé?
à séla yàn, à kálo tán ní sàba yé ni yé?
ò táara à tlè wɔ́ɔrɔ yé ni yé?
mùso kɔ̀nɔma táara, à tlè náani yé ni yé?
à dén sàbanan sàla, à tlè ségi yé ni yé?
báara bánna, à tlè tán ní wɔ́ɔrɔ yé ni yé?
2.2.2. Exercise 4 pí
nìn lámɛ́n
- mùso nàna
mùso sí má na
sègi à kàn
- mùso nàna
mùso sí má na
cɛ̀ má nà kúnu
à má mɔ̀gɔ fò
mɔ̀gɔ táara à fɔ̀
à ká à di mɔ́gɔ mà
à mán kán kà sògo dómu
yíri tɛ̀ yèn
a tún má mùso fúru
dén sàla
Details
cɛ̀ sí má nà kúnu
à má mɔ̀gɔ sí fò
mɔ̀gɔ sí táara à fɔ̀
à ká à di mɔ́gɔ sí mà
à mán kán kà sògo sí dómu
yíri sí tɛ̀ yèn
a tún má mùso sí fúru
dén sí sàla
2.3.
2.3.1. Exercise 5 objet + V V + -li/-ni + kɛ́
nìn lámɛ́n::
à má jɛ́gɛ dómu
à má dómuni kɛ
à bé jɛ́gɛ dómu
à bé dómuni kɛ
sègi à kàn::
à bé jɛ́gɛ dómu
à bé dómuni kɛ
à má màlo dómu
à tùn bé màlo dómu
à tùn bé màlo dómula
à bé sògo tìgɛ
à bé sògo tìgɛtìgɛ
à bámuso bé kú tóbi
à bé fàni sànna
à n' à mùso bé bàranda fèere
Details
à má dómuni kɛ
à tùn bé dómuni kɛ
à tùn bé dómuni kɛla
à bé tìgɛli kɛ
à bé tìgɛtìgɛli kɛ
à bámuso bé tóbili kɛ
à bé sànni kɛla
à n' à mùso bé fèere kɛ
2.4.
2.4.1. Exercise 6 |
nìn lámɛ́n
à táako mán dí ń ye.
à táako ka dí ń ye.
sègi à kàn
à táako mán dí ń ye.
à táako ka dí ń ye.
à nàko mán dí ń yé
mùsofuruko ká gwɛ̀lɛ dɛ́
ń má Musa séko mɛ́n dɛ́
à táara Bouake à fúruko kósɔn
màlosɔrɔko ká gwɛ̀lɛ yèn dɛ́
Musa kó mùsoko yé ko gwɛ̀lɛmán yé
báarakɛko mán dí Musa yé
kúmacaman mán dí mɔ̀gɔ ɲùmán yé
à má nà à dénko kóson
à nàko tùn ká gwɛ̀lɛ kósobɛ
Details
à nàko ká dí ń yé
mùsofuruko mán gwɛ̀lɛ dɛ́
ń ká Musa séko mɛ́n dɛ́
à má táa Bouake à fúruko kósɔn
màlosɔrɔko mán gwɛ̀lɛ yèn dɛ́
Musa kó mùsoko tɛ́ ko gwɛ̀lɛmán yé
báarakɛko ká dí Musa yé
kúmacaman ká dí mɔ̀gɔ ɲùmán yé
à nàna à dénko kóson
à nàko tùn mán gwɛ̀lɛ kósobɛ
2.4.2. Exercise 7 |
nìn lámɛ́n
à táara à tlè flà yé nin yé
à n’à dén táara à tlè flà yé nin yé
sègi à kàn
à táara à tlè flà yé nin yé
à n’à dén táara à tlè flà yé nin yé
à sàla, à kálo flà yé ní yé
Musa má sɔ̀n kà mɔ̀gɔ sí fò
à má dómuni kɛ́, à tlè sába yé nin yé
Seku mùso táara Bouake, Bakari sàkó kóson
Adama kà aàrsí lóoru pé dí Musa mà
a tùn má Bakari sàkó mɛ́n
ɔ́nhɔ̀n, Seku tɛ́ sànni kɛ́ yàn
à má fén sí sɔ̀rɔ báara yɔrɔ lá
Details
à n’à dén sàla, à kálo flà yé ní yé
Musa n’à dén má sɔ̀n kà mɔ̀gɔ sí fò
à n’à dén má dómuni kɛ́, à tlè sába yé nin yé
Seku mùso n’à dén táara Bouake, Bakari sàkó kóson
Adama n’a dén kà dàrsí lóoru pé dí Musa mà
a n’a dén tùn má Bakari sàkó mɛ́n
ɔ́nhɔ̀n, Seku n’a dén tɛ́ sànni kɛ́ yàn
à n’a dén má fén sí sɔ̀rɔ báara yɔrɔ lá
2.4.3. Exercise 8
nìn lámɛ́n
- Musa
Kúnu, ń tùn bànala
Hier, j’étais málade- Awa
mùn lò tùn b’í dími?
Qu’est-ce qui te faisait mal?- Musa
ń kùn lò kɛ̀, nkà bi, à nɔ̀gɔyala
Ma tête, máis aujourd’hui ça va mieux- Awa
áa kɛ́nɛya ká dí ní bàna yé dɛ́
Ah, mieux vaut être bien portant que málade!
sègi à kàn (sínyɛ sàba)
kúnu, ń tùn bànala
mùn lò tùn b’í dími?
ń kùn lò kɛ̀, nkà bi, à nɔ̀gɔyala
áa kɛ́nɛya ká dí ní bàna yé dɛ́
2.4.4. Exercise 9 |
nìn lámɛ́n
à kùn b’à dimi
à kùn t’a dimi
sègi à kàn
à kùn b’à dimi
à kùn t’a dimi
|
|
2.4.5. Exercise 10
Répondre à l’aide des desseins:
nìn lámɛ́n
question
answer
sègi à kàn
Questions
à sèn b’à dími
ń kùn tùn bé ń dími
à kán b’à dimi
Musa kɔ́ b’a dími
ń bólo bé ń dími
dén ni ḱɔ́nɔ b’à dími
ń ɲá bé ń dími
à dá b’à à dími
à tló b’à dími
à nún b’à dimi kósobɛ
Réponses
à sèn t’à dími
ń kùn tùn tɛ́ ń dími
à kán t’à dimi
Musa kɔ́ t’a dími
ń bólo tɛ́ ń dími
dén nin ḱɔ́nɔ t’à dími
ń ɲá tɛ̀̀ ń dími
à dá t’à à dími
à tló t’à dími
à nún t’à dimi kósobɛ