1.  

1.1.  

Les verbes transitifs peuvent être employés à la voix active ou à la voix passive. Dans la leçon III-0, seule la voix active a été traitée, nous allons maintenant étudier la voix passive. Le principe fondamental est le suivant : un verbe transitif employé sans objet est à la voix passive ; Exemples :

Màlo bé dómu

le riz se mange

Nìn tɛ́ kɛ́

Ceci ne sé fait

Sògo má tìgɛ

La viande n’as pas été coupé

Dans ces trois exemples les trois verbes transitifs dómu, kɛ́, tìgɛ sont employées sans objet: le sens dé l’enoncé est passif. Dans le cas du passé affirmatif, la forme passive né se forme pas avec "ka" (ye) qui nous l’avons vu, est réservé à l’emploi actif des verbes transitifs - mais avec le suffixe -la (-ra, -na) exemple :

Sògo tìgɛla

la viande a été coupée

Màlo dómula

le riz a été mangé

Les verbes mixtes peuvent fonctionner comme des verbes transitifs ou intransitifs; exemples. : dòn (entrer, enfiler…​)

Musa dònna

Moussa est entré

Musa bé dòn

Moussa entre

Musa má dòn

Moussa n’est pas entré

Musa kà dèreke dòn

Moussa a enfilé la chemise

Dèreke dònna

La chemise a été enfilée

Dèreke má dòn

La chemise n’a pas été enfilée

Dans les trois premiers exemples, dòn est employé comme táa ou nà, son sens est actif.  Dans la quatrième phrase, il est employé comme un verbe transitif, avec un objet, et son sens est actif; dans les deux derniers exemples, dòn est employé sans objet: seul, le sens de dèreke (chemise) permet de savoir que la phrase est passive; dans un exemple comme à bé dòn, suivant que à est animé (Moussa…​) ou inanimé (chemise), la phrase signifiera: il entre ou ça s’enfile. Les verbes mixtes sont extrêmement fréquents en dioula: bɔ (sortir, enlever…​), pán (sauter, enjamber…​), wúli (se lever, bouillir..), etc…​

"tun" est un élément grammatical dont la présence dans un énoncé transforme l’aspect de la marque d’énoncé (lò, bé ou marques d’énoncés adjectivaux que nous verrons en VII-0-1); exemples:

à táara

il est parti

à tùn táara

il était parti

à bé yàn

il est ici

à tùn bé yàn

il était ici

à má Musa yé

l n’a pas vu Moussa

à tùn má Musa yé

i il n’avait pas vu Moussa

wàri té

ce n’est pas de l’argent

wári tùn té

ce n’était pas de l’argent

Dans certains énoncés complexes, que nous n’étudierons pas ici, "tun" transforme un futur en conditionnel. Sa valeur sémantique est donc l’inactualité, passé ou future (mode inactuel).

"kà" est un élément connectif permettant de coordonner deux ou plusieurs énoncés; exemples:

à táara Abidjan

il est parti à Abidjan

à kà móbili san

il a acheté une voiture

à táara Abidjan kà móbili sàn

il est parti à Abidjan et a acheté une voiture

à kà à yé

il l' a vu

à kà à fò

il l’a salué

à kà à yé ka à fò

il l’a vu et l’a salué

  1. kà relie seulement des énoncés qui ont le même sujet,

  2. toutes les marques verbales, (aspect, mode…​) sont supprimées après kà: le verbe est alors à sa forme nue,

  3. après les verbes nà et táa, kà est élidé, sauf lorsque ces verbes sont suivis de circonstants; exemples:

    à táara à fò

    il est allé le saluer

    à táara Abidjan kà à fò

    il est allé à Abidjan le saluer

"kó" est un élément grammatical très fréquent en dioula: ce n’est pas, bien qu’on le traduise dans certains cas par "dire", un verbe, puisque "kó" n’accepte aucune des marques verbales; voici quelques exemples d’emploi :

à kó dì?

que dit-il?

à kó à bé nà

il dit qu’il vient

Musa b' a fɔ́ kó a nàna

Moussa dit (va dire) qu’il est venu

"dì" est un élément interrogatif, comme mùn, mín…​; son emploi est plus restreint que les interrogatifs vus précédemment; exemples:

à kó dì?

que dit-il?

à kɛ́la di?

comment ça s’est passé?

à nána cógo di ?

comment est-il venu?

"fóyi" (rien s’emploie uniquement dans une phrase négative; exemples:

à má fóyi kɛ́

il n’a rien fait

Musa má fóyi sàn

Moussa n’a rien acheté,

fóyi tɛ́

ce n’est rien

"dɔ́" est une marque de l’indéfini; exemples:

mùso nàna

la femme est venue

mùso dɔ́ nàna

une femme est venue

à kà móbili sàn

il a acheté la voiture

à ka móbili dɔ́ sàn

il a acheté une voiture

Lorsque dɔ́ est employé sans déterminé, c’est-à-dire isolément, il correspond à peu près au "en" français; exemples:

à ma dɔ́ yé

il n’en a pas vu

dɔ́ bé Abidjan

il y en a à Abidjan

dɔ́ prend la marque du pluriel ; exemples:

mùso dɔ́w nàna

des femmes sont venues

à kà móbili dɔ́w sàn

il a achété des voitures

dɔ́w bé yàn

certains sont ici

Enfin, dɔ́w…dɔ́w correspond à l’expression certains… d’autres; exemples:

dɔ́w táara Abidjan, dɔ́w táara Bouaké

certains sont partis à Abidjan, d’autres à Bouaké.

kúnù (hier) est un nom fonctionnant comme circonstant, dont on verra le fonctionnement en VI-0-2. Remarquons seulement qu’il peut se placer soit au début, soit à la fin de l’énoncé; exemples :

kúnú, à táara

hier, il est parti

à táara kúnù

il est parti hier

án et áw correspondent respectivement aux première et deuxième personnes du pluriel; exemples.:

án táara

nous sommes partis

án dénw táara

nos enfants sont partis

áw táara

vous êtes partis

áw dénw má táa

vos enfants ne sont pas partis án peut être également prononcé ánw.

áw peut étre également prononcé á (différent de à, pronom de la troisième personne du singulier).

Le système pronominal se présente de la manière suivante:

Table 1. Système pronominal

1er sing

ń (je)

né/né le (moi je )

né lò/né le lò (c’est moi qui)

2e

íle/é

íle lò

3e

àle

àle lò

1ère pl.

án/ánw

ánwle

ánwle lò

2e

áw/á

áwle

áwle lò

3e

òle

òle lò

De nombreuses variantes sont possibles, suivant les régions et suivant les personnes: ò/ù, ánwle/ánnugu, òle/olugu/òlu…​

Il existe en dioula deux types de syntagmes complétifs: dans le premier type, les deux éléments se suivent sans connectif, exemples:

Musa bámuso

la mère de Moussa

sàga kán

le cou du mouton

à dén

son enfant (l’enfant de lui)

Dans le deuxième type, les deux éléments sont reliés par une particule de connection "tá": .

Musa tá mùru

le couteau de Moussa

ntá wári

mon argent (l’argent de moi)

Dans les deux types, l’ordre est complétant-complété (l’ordre est inverse en français); le connectif "tá" est employé lorsque la relation entre les deux termes est d’ordre contractuelle, aliénable (achat, prêt…​): lorsque la relation est naturelle, inaliénable (par exemple entre moi et mon fils, moi et ma téte, etc…​), les deux termes sont conjoints. "tá" peut être employé sans le deuxième terme du syntagme complétif; exemples:

à tá lò

c’est le sien

Musa tá lò

c’est celui de Moussa

Musa tá bé yàn

celui de Moussa est ici

ń tá tɛ́

ce n’est pas le mien

sauf dans ce dernier emploi, on trouvera ká et yá comme variantes dialectales de "tá".

-ba et -nin sont des suffixes à valeur respectivement augmentative et diminutive; exemples:

mùru

couteau

mùruba

grand couteau

mùrunin

petit couteau

-ba et -nin peuvent avoir des connotations mélioratives ou péjoratives; exemples:

mùsoba

femme de mauvaise vie

yèn (là, là-bas) est l’un des mots les plus fréquents du dioula. Il peut signifier:

  1. là-bas

    Mamadu táara yèn

    Mamadou est parti là-bas

  2. la, ici, "il y a"

    bàranda bé yèn

    il y a des bananes

    dɔ́ bé yèn

    il y en a

    à bé yèn

    il y en a

Dans les exemples où "yèn" signifie "il y a", il est prononcé très rapidement et la voyelle est très peu audible: à bé y', dɔ́ bé y', etc…​

Vocabulaire

Vocabulaire IV 1
tún

(marque d’inactualité)

(connectif)

ɲíni

chercher

kàsi

pleurer

voir

túnu

perdre

wári

argent

Vocabulaire IV 2

(connectif verbal)

án

nous, nos…​

áw

vous, vos

-ba

(augmentatif)

-nin

(diminutif)

kúnù

hier

tìgɛ

couper

séli

prier, prière, fête

séliba

Tabaski

sàga

mouton

kán

cou

arriver (à), pouvoir

saluer

Vocabulaire IV 3

dire, que

comment

-ie

(marque pronominale)

fóyi

rien

báara

travail

sɔ̀rɔ

trouver, obtenir

bɔ́

sortir

yèn

là, là-bas